Histoire Des Libertines (25) : Anne D’Autriche, La Régente Calomniée.

Certains s’étonneront de voir figurer dans cette rubrique Anne d’Autriche, reine de France et régente.

Il est incontestable qu’Anne d’Autriche n’est pas une libertine au sens ou le furent Cléopâtre, Messaline, Théodora ou Catherine de Russie. Elle a pourtant alimenté les romans et les controverses, c’est pourquoi j’ai choisi de parler d’elle.

J’ai beaucoup hésité à faire figurer Anne d’Autriche dans la liste des grandes libertines et j’ai fini par rédiger ce texte, en considérant qu’il y avait deux versions, entre lesquelles je m’interdis de trancher : celle de la reine aussi malheureuse qu’irréprochable et ceux qui pensent qu’elle s’est consolée du comportement de son mari, avant de connaître un bonheur discret auprès de Mazarin.

Anne d'Autriche (1601-1666), infante d’Espagne, est reine de France de 1615 à 1643 en tant qu’épouse de Louis XIII, puis régente pendant la minorité de son fils (de 1643 à 1651). Fille du roi Philippe III d’Espagne (1598-1621), Anne d'Autriche est la mère de Louis XIV, le « roi Soleil », et de Philippe, duc d’Orléans.

Elle était blonde, belle, gentille, gaie, pieuse, reine dévouée, mère attentive, régente respectée.

UN MARIAGE QUI SE PASSE MAL

Fiancée à l'âge de dix ans, Anne épouse par procuration le 18 octobre 1615 à Burgos, Louis XIII.

Bien que les jeunes mariés n'aient que quatorze ans, Marie de Médicis, alors régente, ne veut pas qu'on puisse remettre en question cette union et s'ingénie à ce que ce mariage soit immédiatement consommé, pour des raisons politiques. Cependant, du fait de l'inexpérience des mariés, la nuit de noces semble s'être assez mal passée. Le jeune roi, ayant vécu cette nuit comme une véritable humiliation, en garda longtemps rancune à sa mère, et n'entretint plus avec son épouse de rapports charnels pendant les quatre années suivantes.

L'assassinat de Concini et le coup d'État de Louis XIII contre sa mère en 1617 font évoluer cette situation.

Conscient du problème diplomatique et dynastique que cause l'indifférence du roi à l'égard de la reine, le duc de Luynes, nouveau favori, tente d'y remédier. Tout d'abord, il fait chasser la cour espagnole d'Anne d'Autriche et remplacer les dames d'atours espagnoles par des françaises.

Le duc organise des rendez-vous intimes entre Anne et le roi. Sous l'influence de Mme de Luynes, la reine commence à s'habiller et à se comporter comme une française. On lui fait porter des décolletés. Elle ne portait jusque-là que des robes espagnoles ne laissant voir aucune partie du corps. On considérait d'ailleurs Anne comme trop rigide et trop prude. Au printemps 1619, Luynes finit par forcer le roi à coucher avec la reine.

Dans son ouvrage « Les dessous croustillants de l’histoire de France » (Larousse 2017) Alain Dag’Naud décrit ainsi ce qui s’est passé.

Luynes va littéralement pousser le roi dans la chambre de la reine. L’Ambassadeur de Venise rapporte ceci : « Luynes, qui avait conduit Sa Majesté toute déshabillée jusqu’au voisinage du lit de la reine et voyant que le roi restait irrésolu, lui enleva ce que sa Majesté avait encore autour d’elle, le mit dans le lit de la reine, sortit de la chambre et en ferma la porte. » A deux heures du matin, le mariage était enfin « vraiment » consommé !

De janvier 1619 à décembre 1621, le roi rend fréquemment visite à la reine. Il manifeste à Marie de nombreux signes de tendresse, la prend dans ses bras, l’embrasse.

La lune de miel dure peu. La mésentente s'installe à nouveau entre les souverains. Tout d'abord, Anne fait plusieurs fausses couches, mécontentant le roi. Le retour de la reine mère contribue à ruiner l’harmonie du couple.

ADULTERE AVEC BUCKINGHAM ?

En 1625, une alliance matrimoniale est conclue entre la France et l'Angleterre. Le 11 mai Henriette, sœur de Louis XIII, épouse par procuration le nouveau roi d'Angleterre Charles Ier. Le duc de Buckingham, favori du feu roi Jacques Stuart, est chargé d'escorter la princesse.
Selon l'usage, la Cour de France accompagne Henriette jusqu'à la frontière. Anne d'Autriche est du voyage, ainsi que la reine mère (Louis XIII est resté à Paris).

C'est au cours de ce voyage que Buckingham fait une cour pressante à Anne. À l'étape d'Amiens, le 14 juin 1625, l'amie de la reine, la duchesse de Chevreuse, s'arrange pour isoler dans le jardin de l'archevêché Anne et Buckingham du reste de la Cour. Selon les Mémoires de Pierre de la Porte, valet de chambre de la reine, le duc se montre entreprenant, Anne pousse un cri. Selon les Historiettes de Tallemant des Réaux, le duc « culbuta la reine». La suite royale accourt alors que Buckingham s'éclipse.

Il s’agit à peine de ce que l’on appellerait aujourd’hui un flirt, rien n’est consommé, l’affaire est bénigne, mais le duc de Buckingham passe pour le plus bel homme d’Europe. La reine, ignorée par un époux rigide et méfiant, ait été brièvement flattée de ses avances. Du moins, c’est ce que tout le monde s’accorde à penser. Humilié, Louis XIII s’éloigne encore de sa femme.

LOUIS DIEUDONNE

La mésentente perdure entre les souverains. En effet, l'absence d'héritier direct après seize ans de mariage constitue la première des raisons de mésentente et fragilise la dynastie. Toujours sous l'influence de la duchesse de Chevreuse, la reine se laisse entraîner dans l'opposition, défiant la politique absolutiste du cardinal de Richelieu, nouveau Premier ministre du roi à partir de 1624. La duchesse de Chevreuse la compromet dans plusieurs complots contre celui-ci.

En 1635, la mésentente entre les époux atteint son paroxysme : en vingt ans de mariage, la reine n’a donné aucun héritier à Louis XIII, et alors que la France vient de déclarer la guerre à l’Espagne, Anne d’Autriche devient suspecte. Richelieu attire l’attention du roi sur la correspondance fournie qu’elle entretient avec son frère Philippe IV, roi d’Espagne ; comme il ne s’agirait pas que la reine de France soit une espionne au service de l’ennemi, on ouvre son courrier, on perquisitionne ses appartements et ses lieux de retraite, on mène une enquête sur elle.


Après deux (ou quatre) fausses couches, Louis Dieudonné naît le 5 septembre 1638, à Saint-Germain-en-Laye. On attribue sa conception à un orage, qui, neuf mois auparavant, avait Louis XIII à passer la nuit chez sa femme au Louvre, au lieu de rejoindre sa destination originelle. Les deux époux dinent ensemble et, comme il n’y a pas d’autre chambre pour le roi, occupent le même lit.

Cependant, cette naissance, suivie de celle de son frère Philippe, ne suffit pas à rétablir la confiance entre les deux époux.

LA REGENTE, EPOUSE DE MAZARIN

Richelieu meurt le 4 décembre 1642, suivi par Louis XIII le 14 mai 1643. Selon la tradition, Anne d'Autriche est nommée régente.

À la stupéfaction générale, elle nomme le cardinal Mazarin, déjà présent dans le Conseil de régence, comme son principal ministre. On la soupçonne d'ailleurs d'avoir ultérieurement contracté un mariage secret avec lui.

Inexpérimentée, la Régente a l'intelligence de s'appuyer sur les avis de son ministre et de le soutenir. Prenant conscience qu'elle se doit de laisser à son fils un royaume fort, elle adhère à la politique d'abaissement de la Maison d'Autriche que Mazarin poursuit, sur les traces de Richelieu.

LES AMANTS DE LA REINE ?

De nombreux opuscules affublent la reine d'une liste impressionnante d'amants. On lui a prêté une intrigue amoureuse avec George Villiers de Buckingham, intrigue qui constitue une partie de la trame des Trois Mousquetaires, roman-feuilleton (1844) d'Alexandre Dumas.

L’histoire prête à Anne d’Autriche de nombreux autres amants parmi lesquels le prince de Montmorency (décapité en 1632, à cause de cette liaison ?) et Antoine de Bourbon (fils d'Henri IV et de sa favorite Jacqueline de Bueil).

Encore plus surprenant, Anne d'Autriche aurait été la maîtresse du propre frère de Louis XIII, Gaston d'Orléans, avant son mariage avec Marie de Bourbon en 1626.

D’après l’historien Jean Guénot, la preuve des infidélités d’Anne se traduirait par des grossesses non désirées bien sûr, puisque l’ n’est pas du roi ! – et des avortements pratiqués en secret avec l’aide de l’apothicaire de la reine…ce qui n’aurait pas empêcher Anne de faire dire des messes pour devenir féconde !

Elle aurait fait une fausse-couche en 1631, alors que Louis XIII n’avait plus de relations avec son épouse depuis 1625 ; enfin, à l’approche de la naissance du dauphin, on murmure dans Paris qu’en 1636, la reine a accouché d’un premier , un garçon qu’elle se serait empressée de faire disparaître, ayant réussi à cacher sa grossesse au roi.
La disparition de ce premier aurait beaucoup affecté la reine.

MAZARIN AMANT ET EPOUX DE LA REINE

Le 14 mai 1643, Louis XIII le Juste meurt à Saint-Germain-en-Laye, suivant son ministre Richelieu mort l'année précédente. Le 20, la reine Anne d'Autriche, veuve, devient régente du royaume : le jeune Louis, futur Louis XIV, n'a que 5 ans, et son frère Philippe n'en a que 3. Chacun s'attend alors à un revirement politique de première ampleur : l'on pense que la reine rappellera tous ses anciens amis, disgraciés par l'intransigeance de Richelieu, et qu'elle s'empressera de conclure la paix avec l'Espagne, dont le roi Philippe IV n'est autre que son propre frère. Mais il n'en est rien et la reine prend le contrepied de ce à quoi tous s'attendent : les bannis et les persécutés demeurent où ils sont, et la guerre avec l'Espagne continue (elle durera d'ailleurs jusqu'en 1659). Cet incroyable revirement de situation sema la rumeur partout : si la régente continuait ainsi, c'est parce qu'elle était l'amante du cardinal Mazarin.

Jusqu’à la mort de Louis XIII en 1643, le jeune dauphin est considéré comme son fils, au cours de la Fronde, une nouvelle rumeur affecte la reine : Louis XIV ne serait pas le fils de Louis XIII. Qui est le père? On avance le nom de Mazarin, qui est le parrain de Louis XIV, un modèle, voir un père spirituel pour le jeune roi.

Anne d’Autriche et le cardinal Mazarin étaient-ils amants?

Dès le début de la régence, la Cour, frappée par l’unité d’inspiration qui préside aux destinées du royaume, avait conclu que la veuve de Louis XIII avait trouvé dans le cardinal un amant qui la consolait de ses déboires passés. Sans qu’il soit possible de nier l’inclination d’Anne pour son favori, et l’influence de ce sentiment sur la politique française, il ne faudrait pas raisonner en auteur de mazarinades et faire de la reine un jouet entre les mains d’un intrigant italien.

Selon l’historienne Claude Dulong, experte des onze lettres autographes d’Anne d’Autriche à Mazarin, il y aurait bien eu des rapports charnels entre eux. Mais assez tardivement, vers la fin de la Fronde, entre janvier et août 1652.

La reine avait alors 50 ans, le cardinal un an de moins. Evoquant ce point de vue dans le chapitre qu’il signe à ce sujet dans le livre collectif «Les énigmes de l’histoire de France» récemment paru aux éditions Perrin, l’archiviste-paléographe Thierry Sarmant, conservateur en chef au Service historique de la Défense où il dirige le Centre historique des archives à Vincennes, souligne ne pas le partager. «En l’absence de témoignage décisif, la liaison charnelle paraît matériellement possible, mais psychologiquement peu plausible», estime-t-il. Il argumente ainsi cet avis : «Anne d’Autriche, imbue de son rang, pénétrée de la grandeur de sa fonction, confite en dévotion, aurait-elle fait entrer dans son lit un homme de médiocre naissance, revêtu d’un caractère ecclésiastique… et qui plus est parrain de son fils? Mazarin, dont la sexualité semble avoir été assez indécise, dont aucune aventure féminine ou masculine n’est assurée avant son ministère, était-il assez imprudent ou audacieux pour entretenir une relation qui aurait pu se retourner contre lui?»

Une liaison que quelques historiens nient encore. Et pourtant, les onze lettres d'Anne d'Autriche à Mazarin qui ont été retrouvées témoignent d'une tendresse et d'un attachement tels qu'il est difficile de croire à une simple amitié.

Autre fait troublant : les deux bagues commandées par le cardinal, pour lui et la reine, où s'entrelacent les initiales de leurs deux prénoms , ainsi que le signe cryptique de l' époque , le "S" fermé, symbole de l' amour éternel . Quelle autre signification leur donner sinon celle d'un lien amoureux ? Revient à chacun la liberté de croire ce qu'il veut. Mais, comme le suggère Jacques Santamaria, scénariste de « La Reine et le Cardinal, "ne refusons pas à l’histoire sa part de romanesque".

Habité par une volonté de servir le pouvoir, le cardinal est habile, politique doué et séducteur discret. Et pourtant. Il finit par se laisser prendre à son propre jeu. A trop flatter la reine, à s'en approcher au plus près pour mieux asseoir son pouvoir, il en tombe passionnément amoureux. Une liaison interdite va donc unir, jusqu'à la fin de leurs jours, ces deux êtres qui ensemble vont braver les puissants, gouverner un pays au bord du chaos, et préparer le petit Louis à devenir le plus grand roi de l’histoire de France : Louis XIV.

Aucun immigrant n'a connu en France autant de fortune que Giulio Mazarini, en français Jules Mazarin.

Leur relation fut, en tous cas, très étroite. Elle a sans doute été rene par leur isolement politique lors de la Fronde. La question de savoir si Mazarin et Anne d'Autriche s'aimèrent est controversée. Certains ont analysé leur correspondance de sorte qu'ils ont cru pouvoir y déceler une liaison58 (voire un mariage secret), qui reste hypothétique, entre l'homme d'Église et la reine mère.

De nombreux amants ont été attribués à Anne d'Autriche. Le duc de La Rochefoucauld disait, pendant la Fronde, que Mazarin rappelait sûrement à la reine le duc de Buckingham. Son éventuelle paternité de Louis XIV, comme des historiens l'ont avancé, est aujourd'hui démentie par l'analyse génétique.

Comme je m’y suis engagée, voici les sources que j’ai utilisées sur le net (en plus de l’article Wikipedia) :

http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2007/01/12/3670539.html

https://www.parismatch.com/Royal-Blog/royaute-francaise/Enigmes-de-l-Histoire-1-4-Anne-d-Autriche-et-le-cardinal-Mazarin-etaient-ils-amants-1452569

https://petitehistoiredelagrandehistoire.wordpress.com/2016/06/22/anne-dautriche/

http://chrisagde.free.fr/bourb/l13vie.php3?page=12

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